Le sexe et le néant

de Thierry Maulnier
Mise en scène de Jean-Claude Daspremont
SAISON 2003

L’auteur

« Jacques Talagrand » est né à Alès, le 1er octobre 1909. Le pseudonyme de « Thierry Maulnier » il l’a choisi alors qu’il était élève de l’Ecole Normale Supérieure et qu’il avait à signer ses premiers articles.

Après avoir suivi des cours en licence de lettres et rédigé une thèse sur « Racine » qui obtiendra le prix de la critique en 1936, il deviendra un chroniqueur célèbre à la « Revue Française » et au « Figaro » où il mènera, passionnément, un combat politique et humaniste dans ses écrits.

Les Editions de la Revue Française publieront un premier recueil de ses articles sous le titre de « La crise est dans l’Homme » (1932). En 1939, son « Introduction à la poésie française » sera suivie d’une adaptation d’ « Antigone » de Robert Garnier. D’autres recueils et essais suivront jusqu’à la guerre. A la libération, il reprendra sa collaboration au Figaro.

C’est, sans doute, son mariage ,en 1944, avec Marcelle Tassencourt, comédienne et metteur en scène, qui a influé beaucoup sur sa vocation latente d’écrivain de théâtre.

Il s’est illustré essentiellement comme dramaturge dans la tragédie d’inspiration classique avec « La course des Rois » (1947), dans la tragédie historique avec « Jeanne et les juges » (1949), pièce commandée pour les fêtes de Jeanne d’Arc à Rouen, « Le Profanateur » créé par Jean Vilar au Festival d’Avignon en 1950, ou encore dans les pièces traitant d’un sujet actuel avec « La Maison de la Nuit » (1953).

Comme adaptateur, Thierry Maulnier a su mettre… en pièce le monumental roman d’André Malraux « La Condition Humaine » (1954) et traduit, pour le public français, l’austère « Prince d’Egypte » de Christophen Frey (1955) et le passionnant « Procès à Jésus » de Diego Fabri en 1958.

En 1960, « Le sexe et le néant » est sa première comédie dans laquelle il met en scène … de ménage, un milieu qu’il connaît bien, celui des lettres et de l’édition.

L’intrigue

« Le sexe et le néant » nous enmène dans les méandres des milieux de l’édition et du prototype d’ une vie conjugale où les intérêts s’affrontent.

Annibal Leborgne, écrivain philosophique sans succès, a conscience de sa médiocrité littéraire et tente de l’oublier auprès de Denise, prostituée. Augusta, son épouse , ne cesse de lui rappeler qu’il est un écrivain raté et que seuls les récits sentimentaux auxquels il se livre pour la presse du cœur, tirés des œuvres célèbres , alimentent la caisse du ménage. Pourtant, la célébrité qui le boudait de son vivant va survenir à titre posthume.

Une satire conjugale qui donne froid dans le dos et où le rire caustique donne allègrement la main au cynisme d’une épouse qui n’hésite pas à bâtir une fortune, sur les écrits de son mari, soutenue par les intérêts politiques et les requins de l’édition.

Pour son premier essai dans le genre comique, Thierry Maulnier, le pénétrant essayiste, le chroniqueur délié, le pamphlétaire vigoureux, le puissant dramaturge, abonde en traits qui vont loin et en répliques qui portent dru avec la verve féroce de Feydeau, l’observation narquoise de Courteline et l’ironie mordante de Bourdet.

Dans une option scénographique à la « Andy Warhol », l’acuité des notations psychologiques, l’exploitation habile des situations, la grande ingéniosité des « flashes » qui ponctuent une partie de l’action, les dialogues bien construits et l’humour caustique font de cette satire conjugale une « comédie fine et intelligente » comme on les aime et que l’on a plaisir à découvrir.

Distribution

Le crieur de journaux : Adrien Swennen
Denise : Brigitte Mathelart – Autphenne
Annibal Leborgne : Bruno Mathelart
Augusta Leborgne : Magguy Lattaque – Deville
Martha : Véronique Rotens – Grandmont
Clo : Hedwige Grovens
Tony Dubois : Jean-Jacques Letesson
Le rédacteur en chef : Tony Pascolo
Jules Jullimard : Francis Swennen
Le Ministre : Francis Swennen
La femme du monde : Christine Swennen de Robiano

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